27 juin 2023, 08 h 13
Publié par : Délégation générale du Québec à Paris
En avril dernier, la Fondation BNP Paribas a annoncé les 8 projets qui bénéficieront d’un soutien financier sur 3 ans. Ces projets visent à mieux comprendre les impacts environnementaux du changement climatique et de la perte de la biodiversité, notamment sur les sociétés humaines.
Le projet REFUGE-ARCTIC du laboratoire franco-québécois Takuvik en fait partie. De plus, REFUGE-ARCTIC est un projet financé par le CNES, l’IPEV, Sentinelle Nord, ArcticNet, la Flotte Océanographique Française et Amundsen Science.
L’Océan Arctique se réchauffe à un rythme accéléré avec des conséquences désastreuses sur la banquise. Ces quarante dernières années, sa surface a diminué de 10% à 15% par décennie et celle de la glace multi-annuelle a, quant à elle, diminué de 70%.
Dans ce contexte, la mer de Lincoln qui fait encore partie des zones où la glace ne disparaît pas au cours de l’été apparait comme un des derniers sanctuaires de l’Océan Arctique et un formidable terrain de recherche. C’est donc là que Mathieu Ardyna, CNRS, océanographe biologique, a décidé de planter le décor d’un très ambitieux programme de recherche. Le temps presse : « il y a quelques années encore on pensait que les glaces multi-annuelles de l’Arctique disparaîtraient en 2050. Aujourd’hui, les études montrent que cela sera plutôt en 2035 », explique le chercheur.
L’idée est donc de monter une expédition « en embarquant le plus large éventail de scientifiques afin de caractériser au mieux cet environnement exceptionnel ». REFUGE-ARCTIC permettra d’étudier les processus passés liés au climat et d’envisager le futur. « On parle d’études portant sur les échanges océan/atmosphère, de l’étendue et de l’épaisseur de la glace de mer, de génomique des micro-organismes, des éléments trace dans la colonne d’eau, de l’apport en eau douce provenant de la fonte des glaciers, d’acidification, du réchauffement de l’eau, des algues de glace qui tapissent le dessous de la glace de mer indispensables notamment à l’alimentation de la morue polaire, des polluants tels que le plastique ou encore le mercure, de la productivité des écosystèmes, de biodiversité, de modélisation… 21 laboratoires français et 14 internationaux sont associés à ce projet », raconte le chercheur.
Deux expéditions d’été seront menées en mer à bord du brise-glace Amundsen de la Garde côtière canadienne, qui sera à la disposition des chercheurs en 2023 et 2024, et deux camps de glace seront organisés à Alert en 2024 et 2025, une base militaire canadienne située à un peu plus de 800 km du pôle Nord, dans le territoire du Nunavut. « C’est un projet qui va nous occuper pour les cinq ou six prochaines années », assure le chercheur, et pour la première fois peut-être, c’est un écosystème unique dans sa quasi-totalité qui va être examiné simultanément.
« Cette zone a été reconnue comme une zone critique. En 2019, elle a été transformée en Aire Marine Protégée par le gouvernement du Canada pour une durée de cinq ans. Un délai qui doit être mis à profit pour en faire l’inventaire en vue de pérenniser cette AMP (Aire Marine Protégée) ».
Etablissements Français d’enseignement supérieur et de recherche impliqués : La Rochelle Université, MNHN, École Pratique des Hautes Études (EPHE), Université de Bordeaux, Université Toulouse III - Paul Sabatier, Sorbonne Université, Aix-Marseille Université, Université Versailles-Saint Quentin, Université d’Angers, Université Grenoble Alpes, Université de Bretagne Occidentale
Etablissements Québécois et Canadiens d’enseignement supérieur et de recherche impliqués : Université Laval, Université du Québec à Rimouski, Memorial University of Newfoundland, University of Victoria, Ministère Pêches et des Océans.